1996 - Origines
En Afrique, de nombreux producteurs agricoles souhaitent pratiquer la pisciculture pour répondre à la demande croissante en poisson, mais leurs initiatives échouent et, sur un plan institutionnel, beaucoup se demandent si cette activité émergera un jour. Dans les années 1990, dans la région Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, un groupe de jeunes assistants techniques accompagne certains producteurs dans leur recherche d’une pisciculture performante, intégrée aux exploitations familiales. Le modèle de pisciculture extensive en étang de barrage qu’ils mettent en place s’avère avoir de fortes potentialités de développement dans le contexte des économies de plantation. Une première association, l’APDRA-CI, est alors créée en 1994 pour le promouvoir au niveau national. Puis, en 1996, une seconde association voit le jour : l’APDRA-F (Association Pisciculture et Développement Rural en Afrique tropicale humide – France). De droit français, elle doit permettre une extension des actions au-delà de la Côte d’Ivoire.
1996-2006 - Développement de la pisciculture paysanne en Côte d’Ivoire et en Guinée
Pendant ses dix premières années, l’APDRA concentre ses activités en Côte d’Ivoire et en Guinée, en collaboration l’AFVP, et permet l’installation durable de plusieurs centaines de pisciculteurs. Face à cet engouement, l’APDRA appuie l’émergence d’organisations professionnelles piscicoles qui se révèlent être des acteurs indispensables de ce développement. Aux membres fondateurs viennent s’ajouter un certain nombre de bénévoles dont des professionnels français de la pisciculture, partants pour soutenir l’initiative. Les premiers salariés sont recrutés afin d’avoir une présence plus continue sur le terrain.
2006-2010 - Elargissement du champ d’action
A partir de 2006, l’APDRA commence à mettre en œuvre des projets d’envergure dans de nouvelles zones d’intervention : au Cameroun, l’association teste le modèle extensif ; à Madagascar, elle soutient la rizipisciculture paysanne. En 2008, de nouvelles actions de développement de la pisciculture sont aussi entreprises au Bénin, en Centrafrique, au Libéria, au Congo et en République démocratique du Congo. Parallèlement, l’association se professionnalise de plus en plus et le nombre de salariés venant appuyer le travail des bénévoles augmente. En 2010, l’APDRA-F change de nom et devient APDRA Pisciculture Paysanne, marquant ainsi sa volonté de s’intéresser à tous types de milieux agro-écologiques. Cette transformation intervient dans un contexte où des initiatives de production aquacoles industrielles enregistrent leurs premiers succès probants en Afrique.
2010-2017 - Reconnaissance dans le paysage institutionnel
En 2010, le rôle majeur de la pisciculture paysanne, qui produit un poisson bon marché satisfaisant économiquement les pisciculteurs, est souvent occulté par la promotion des voies industrielles qui ciblent les marchés rémunérateurs. Parallèlement, l’urgence de contrer l’augmentation continue des importations de poisson pour la sécurité alimentaire, couplée à celles, récentes, de dizaines de milliers de tonnes de tilapia d’aquaculture d’Asie sur les marchés urbains, fait oublier la qualité et la durabilité des solutions proposées. Pourtant, l’APDRA bénéficie de l’intérêt porté, sur le plan international, au rôle de la pisciculture dans la sécurité alimentaire.
A partir de 2012, la collaboration de l’APDRA avec les institutions étatiques guinéennes lui donne l’occasion de mettre en œuvre le projet du gouvernement en Guinée Forestière. Ensuite, à Madagascar, l’APDRA est reconnue par la Direction de l’Aquaculture comme un intervenant de qualité pour promouvoir la pisciculture. Dans les autres pays d’intervention, l’APDRA poursuit son action en privilégiant la continuité de sa présence, grâce au soutien renouvelé de ses partenaires financiers. Ces évolutions sont soutenues par l’engagement d’équipes locales au sein d’antennes prolongeant la dynamique associative.
A côté de ses relations privilégiées avec les organisations professionnelles de pisciculteurs, l’association favorise également l’émergence d’un réseau de salariés locaux permettant la mise en place d’une coopération sud-sud originale. Enfin, elle continue à travailler en partenariat avec les instituts de recherche scientifique qui partagent l’objectif de proposer une pisciculture toujours plus adaptée aux capacités et aux souhaits des producteurs.
L'APDRA aujourd'hui
L’APDRA intervient principalement au moyen de projets qu’elle définit, formule, met en œuvre et évalue, à la demande des populations locales. Elle s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire en France et à l’étranger, constituée de salariés, d’un réseau de pisciculteurs français, d’un réseau unique de pisciculteurs africains, de membres bénévoles et de techniciens et partenaires locaux.
Elle intervient ou est intervenue dans dix pays d’Afrique : Bénin, Cameroun, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria, Madagascar, République du Congo, République Démocratique du Congo, Togo, et a réalisé des études dans quinze pays d’Afrique. Depuis 2010, l’APDRA a élargi son champ d’action à l’Asie, en intervenant au Cambodge et en Corée du Nord.
En France, l’APDRA anime des antennes régionales pour être à l’écoute et au contact des collectivités territoriales. Elle est reconnue d’intérêt général depuis 2006 et est membre des réseaux Groupe initiatives, Coordination Sud, F3E et Sarnissa.